vendredi 27 février 2009

Vigile


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Le mouvement des chercheurs et universitaires doit maintenant «monter en généralité»

Jean-François Bayart, directeur de recherche au CNRS.


Quel est le coût de ces réformes emphatiques et incessantes? Faut-il continuer à livrer nos services publics à une gestion néo-libérale dont les limites sont devenues patentes? Dans quelle société, et selon quelles valeurs, voulons-nous vivre? Ce sont ces questions que les chercheurs et les enseignants doivent porter, au-delà de leur colère légitime, explique Jean-François Bayart, directeur de recherche au CNRS.

En annonçant la rupture, Nicolas Sarkozy n'avait pas trompé sur la marchandise. Malgré ses incohérences discursives de chauve-souris (voyez mes ailes, je suis libéral et atlantiste, voyez mon corps, je suis national et protecteur), ses objectifs sont clairs : d'une part, soumettre la société française à la dictature d'une rationalité strictement comptable, quantitative et financière, celle du New Public Management, en cassant l'autonomie des corps intermédiaires, des institutions, des métiers ; de l'autre, la corseter à grand renfort de lois liberticides, de fichiers, de vidéosurveillance, de descentes policières aux abords des écoles et dans les établissements eux-mêmes sous prétexte de lutte contre l'immigration clandestine et la drogue, d'ingérences dans les médias, la magistrature ou le monde des affaires, d'invocations étatiques de l' « identité nationale » (incitations à la délation à l'appui), de traques contre une « ultragauche » censée être virulente mais dont les juges ont quelque peine à établir la culpabilité. D'un côté, le néo-libéralisme ; de l'autre, le dirigisme, et de plus en plus l'autoritarisme. En bref, le national-libéralisme.

La mise au pas de l'Université et le démantèlement du CNRS, sous prétexte d' « autonomie », de « réforme » et de « mise à niveau internationale », ne sont qu'un pan de ce projet global, qui concerne symétriquement l'hôpital, la médecine jadis « libérale », les transports, la poste, la Justice, l'Education nationale, et à peu près tous les secteurs sur lesquels l'Etat peut agir. La technique gouvernementale est également partout la même : au mieux, « balader » les partenaires sociaux par des négociations en trompe l'œil ; au pire, les affronter en exhalant le mépris à leur encontre et en taxant de « corporatistes » leurs objections. De ce point de vue, le discours du 22 janvier de Nicolas Sarkozy, dans lequel il exprima de manière particulièrement mal informée et vulgaire son dédain à l'égard de la communauté scientifique et universitaire, fut peut-être une erreur tactique, du fait de l'indignation qu'il suscita, mais certainement pas un dérapage qu'expliqueraient le stress, l'énervement habituel et le machisme de comptoir du président de la République. Le réformisme autoritaire sarkozien, qui attribue à l'Etat le monopole de la modernité et de la clairvoyance, selon une inspiration bien française, suppose que les institutions et les métiers qu'il prend pour cibles soient avilis, afin que soit salie leur dignité, disqualifiée leur argumentation, et brisée leur résistance. Il y a du viol dans cette technique de gouvernement, mais comme dans les opérations de purification ethnique celui-ci est rationnel et stratégique.

Dans ces conditions, les chercheurs et les universitaires ont une responsabilité nationale particulière. Parce que leur métier est de comprendre le monde dans lequel nous vivons, parce que leur vocation est au service du pays et non de ses gouvernants successifs, parce qu'ils doivent rendre compte de leurs travaux aux contribuables qui les financent et à l'ensemble des acteurs sociaux, parce qu'ils tiennent entre leurs mains une bonne part de l'avenir en tant que producteurs et dispensateurs de la connaissance, la grande ressource économique de demain,ils doivent dépasser le répertoire de leurs seules revendications et restituer la cohérence d'ensemble de ce qui se passe aujourd'hui en France. L'asservissement de leur profession à la logique néo-libérale est de la même encre que celui de l'ensemble des services publics et des institutions. Le tout à l'étalonnage (bench marking) des performances de la Recherche et de l'Université, appréhendées dans les termes exclusifs de la bibliométrie et des classements internationaux selon des méthodes quantitativistes hautement contestables et arbitraires,leur dévolution à l'autorité toute-puissante de Présidents transformés en grands patrons, la confusion systématique dans le discours présidentiel entre la recherche fondamentale - dont la finalité est la connaissance - et la recherche-développement ou l'innovation - au service de l'industrie - ont leurs exacts pendants. Par exemple, la « tarification à l'activité » (T2A). Celle-ci assure désormais l'intégralité du financement de l'hôpital, la mue de celui-ci en entreprise soucieuse de « maîtrise des coûts de production » et de « positionnement face à la concurrence » sous la houlette compétitive de « chefs de pôle », et la liquidation de l'idée même de qualité des soins au bénéfice d'une logique financière regroupant les malades en « groupes homogènes de séjours » (GHS) qui déterminent une durée idéale de séjour et une tarification non moins optimale. C'est également dans cet esprit que des chaînes de productivité sont instaurées dans la Justice, qui automatisent cette dernière et l'inféodent à la Police, ou que les services publics sont démantelés parce qu'ils coûtent cher, sans que jamais l'on nous dise ce qu'ils rapportent en termes d'environnement, d'attractivité internationale de la France pour les investisseurs étrangers, de qualité de vie ou de mutualisation et d'économie d'échelle des dépenses des ménages.

Chacun en fait l'expérience quotidienne, comme travailleur salarié ou indépendant, comme étudiant ou comme chômeur, comme consommateur, comme usager, comme patient : en voyant un proche n'être accepté en unité de soins palliatifs que si son espérance de vie est supérieure à 2 jours et inférieure à 35 jours, T2A oblige ; en se heurtant à l'opacité de la tarification de la SNCF, d'Air France ou de la téléphonie mobile ; en devant continuer à se porter caution auprès d'un propriétaire pour un enfant trentenaire, titulaire d'un doctorat, mais cantonné dans un CDD à durée illimitée par un Etat qui est le premier à violer le droit du travail ; en découvrant qu'un tribunal de commerce de Lyon s'enorgueillit de délivrer des sentences certifiées ISO 9001 ; en constatant que son épargne a fondu de 40% en 2008 grâce à la merveilleuse gouvernance néo-libérale des marchés financiers ; en consacrant plus de temps au fund raising qu'à la recherche, ou à l'administration dirigiste de l'exercice de la médecine « libérale » qu'à ses malades ; en attendant quatre mois au lieu de quinze jours le raccordement de sa maison au réseau électrique depuis que l'Union européenne a enjoint de dissocier le fournisseur d'énergie de l'exploitant du réseau, pour le bien naturellement de la concurrence et du consommateur !

Il ne s'agit pas de reprendre le vieux débat entre les mérites (ou les défauts) respectifs du marché et de l'Etat, mais de ramener notre classe politique à un minimum de bon sens. Quel est le coût de ces réformes emphatiques et incessantes qui empêchent les gens de travailler, quand de simples ajustements les y aideraient ? Est-il bien raisonnable de livrer notre hôpital, notre Université, notre Recherche, notre Justice, nos services publics à une gestion néo-libérale dont les limites sont devenues patentes aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, et qui a plongé le monde dans la plus grave crise économique et financière depuis 1929 ? Dans quelle société, et selon quelles valeurs, voulons-nous vivre ? Au-delà de leur propre malaise, et de la colère qu'a fait monter en eux le discours insultant du chef de l'Etat, les chercheurs et les universitaires doivent, non apporter la réponse, mais poser la question et alerter leurs concitoyens sur les vrais enjeux du national-libéralisme.

jeudi 26 février 2009

French Doctor B. and Mister K.

Afrique, Trafics, Pompafric

Tiken Jah Fakoly, live, 2007

samedi 21 février 2009

mercredi 18 février 2009

Est-ce ainsi que les hommes vivent ?



La chanson de Ferré est adaptée d'un poème d'Aragon Bierstube Magie allemande chantée ici par Marc Ogeret


Bierstube Magie allemande

Et douces comme un lait d'amandes
Mina Linda lèvres gourmandes
qui tant souhaitent d'être crues
A fredonner tout bas s'obstinent
L'air Ach du lieber Augustin
Qu'un passant siffle dans la rue

Sofienstrasse Ma mémoire
Retrouve la chambre et l'armoire
L'eau qui chante dans la bouilloire
Les phrases des coussins brodés
L'abat-jour de fausse opaline
Le Toteninsel de Boecklin
Et le peignoir de mousseline
qui s'ouvre en donnant des idées

Au plaisir prise et toujours prête
O Gaense-Liesel des défaites
Tout à coup tu tournais la tête
Et tu m'offrais comme cela
La tentation de ta nuque
Demoiselle de Sarrebrück
Qui descendais faire le truc
Pour un morceau de chocolat

Et moi pour la juger que suis-je
Pauvres bonheurs pauvres vertiges
Il s'est tant perdu de prodiges
Que je ne m'y reconnais plus
Rencontres Partances hâtives
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent
Comme des soleils révolus

Tout est affaire de décors
Changer de lit changer de corps
A quoi bon puisque c'est encore
Moi qui moi-même me trahis
Moi qui me traîne et m'éparpille
Et mon ombre se déshabille
Dans les bras semblables des filles
Où j'ai cru trouver un pays

Coeur léger coeur changeant coeur lourd
Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes jours
Que faut-il faire de mes nuits
Je n'avais amour ni demeure
Nulle part où je vive ou meure
Je passais comme la rumeur
je m'endormais comme le bruit

C'était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Tout changeait de pôle et d'épaule
La pièce était-elle ou non drôle
Moi si j'y tenait mal mon rôle
C'était de n'y comprendre rien

Dans le quartier Hohenzollern
Entre la Sarre et les casernes
Comme les fleurs de la luzerne
Fleurissaient les seins de Lola
Elle avait un coeur d'hirondelle
Sur le canapé du bordel
Je venais m'allonger près d'elle
Dans les hoquets du pianola

Elle était brune et pourtant blanche
Ses cheveux tombaient sur ses hanches
Et la semaine et le dimanche
Elle ouvrait à tous ses bras nus
Elle avait des yeux de faïence
Et travaillait avec vaillance
Pour un artilleur de Mayence
Qui n'en est jamais revenu

Il est d'autres soldats en ville
Et la nuit montent les civils
Remets du rimmel à tes cils
Lola qui t'en iras bientôt
Encore un verre de liqueur
Ce fut en avril à cinq heures
Au petit jour que dans ton coeur
Un dragon plongea son couteau

Le ciel était gris de nuages
Il y volait des oies sauvages
Qui criaient la mort au passage
Au-dessus des maisons des quais
Je les voyais par la fenêtre
Leur chant triste entrait dans mon être
Et je croyais y reconnaître
Du Rainer Maria Rilke

Louis Aragon, Le Roman inachevé

mercredi 11 février 2009

Le silence et l'orage

J'aimerais te donner :
Une herbe,
Une saison de lumière,
Les champs qui conduisent à la mer,
Les blés,
Toutes les couleurs de l'arc-en-ciel,
La transparence des feuilles
Les trèfles,
La vie et son long poème
L'orage sans le tonnerre
L'espérance toute entière.

Dominique Cagnard, Presque le bonheur

samedi 7 février 2009

Appel de la colline - Presse indépendante et liberté publique

Vendredi 30 janvier, Mediapart, Le Nouvel Observateur, Les Inrockuptibles, Marianne, Rue89 et Charlie Hebdo organisaient au théâtre du Châtelet à Paris une soirée "Pour une presse libre et indépendante"

Signez l’Appel de la Colline pour une presse libre et indépendante
http://www.mediapart.fr/node/28527







jeudi 5 février 2009

dimanche 1 février 2009

La vie comme un rêve

Her Morning Elegance / Oren Lavie