mercredi 6 août 2008

Philippe Jaroussky / La Mélodie Française

Film réalisé par Louise Narboni "Une invitation à la Mélodie Française" montrant le travail de Philippe Jaroussky, contre-ténor baroque travaillant le répertoire et discutant du placement de voix, des choix stylistiques pour la mélodie XIXème.



Partie 1 : avec une interprétation intéressante et presque "baroqueuse" de "A Cloris" de Reynaldo Hahn ... mais sur un extrait de "A Choris, Stances" de Théophile de Viau

Stances

S'il est vrai, Cloris, que tu m'aimes,
Mais j'entends que tu m'aimes bien,
Je ne crois point que les Rois mêmes
Aient un heur comme le mien :
Que la mort serait importune
De venir changer ma fortune
À la félicité des Dieux !
Tout ce qu'on dit de l'ambroisie
Ne touche point ma fantaisie
Au prix des grâces de tes yeux.
[...]



Partie 2 : avec une interprétation de "D'une prison" de Reynaldo Hahn sur un poème de Verlaine "Le ciel est par dessus le toit"


Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme !
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.

La cloche, dans le ciel qu'on voit,
Doucement tinte.
Un oiseau sur l'arbre qu'on voit
Chante sa plainte.

Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là
Simple et tranquille.
Cette paisible rumeur-là
Vient de la ville.

Qu'as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse,
Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ?
Paul Verlaine, Sagesse


Partie 3 : avec une interprétation de "Mandoline" de Gabriel Fauré sur un poème de Verlaine

Les donneurs de sérénades
Et les belles écouteuses
Échangent des propos fades
Sous les ramures chanteuses.

C'est Tircis et c'est Aminte,
Et c'est l'éternel Clitandre,
Et c'est Damis qui pour mainte
Cruelle fait maint vers tendre.

Leurs courtes vestes de soie,
Leurs longues robes à queues,
Leur élégance, leur joie
Et leurs molles ombres bleues

Tourbillonnent dans l'extase
D'une lune rose et grise,
Et la mandoline jase
Parmi les frissons de brise.

Paul Verlaine, Fêtes galantes



Partie 4 : avec une interprétation du même poème mais sur une mélodie de Reynaldo Hahn (titre : "Fêtes Galantes" de Reynaldo Hahn sur le poème de "Mandoline" Verlaine extrait du recueil "Fêtes Galantes").


Partie 5 : avec une interprétation de "L'heure exquise" de Reynaldo Hahn sur un poème de Verlaine

L'heure exquise
La lune blanche
Luit dans les bois ;
De chaque branche
Part une voix
Sous la ramée ...

Ô bien-aimée.

L'étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette
Du saule noir
Où le vent pleure ...

Rêvons, c'est l'heure.

Un vaste et tendre
Apaisement
Semble descendre
Du firmament
Que l'astre irise ...

C'est l'heure exquise.

Paul Verlaine, La bonne chanson


Partie 6 : avec une interprétation de "Colloque sentimental" de Debussy sur un poème de Verlaine



Colloque sentimental

Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l'heure passé.

Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l'on entend à peine leurs paroles.

Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé.

- Te souvient-il de notre extase ancienne?
- Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne?

- Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom?
Toujours vois-tu mon âme en rêve? - Non.

Ah ! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches ! - C'est possible.

- Qu'il était bleu, le ciel, et grand, l'espoir !
- L'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.

Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.

Paul Verlaine, Fêtes galantes




Philippe Jaroussky en concert, mai 2008. "Le charme" d'Ernest Chausson
poème d'A. Silvestre



Quand ton sourire me surprit,
Je sentis frémir tout mon être,
Mais ce qui domptait nous esprit,
Je ne pus d'abord le connaître.

Quand ton regard tomba sur moi,
Je sentis mon âme se fondre,
Mais ce que serait cet émoi,
Je ne pus d'abord en répondre.

Ce qui me vainquit à jamais,
Ce fut un plus douloureux charme;
Et je n'ai su que je t'aimais,
Qu'en voyant ta première larme.

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